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Le loup dans les Ardennes : Une crise qui divise éleveurs et administration

04/12/2025 - 08:17 - Rédigé par Candide Blomme

Le loup dans les Ardennes : Une crise qui divise éleveurs et administration

La présence du loup dans les Ardennes continue de susciter des tensions vives entre les éleveurs ovins et les services de l'État. Lors d'une réunion organisée ce mercredi en préfecture, les acteurs locaux ont tenté de trouver des solutions face à une situation qualifiée de « complexe » et « difficile » par Christian Chassaing, préfet des Ardennes. Les éleveurs, représentés notamment par Bruno Miser, vice-président de la fédération départementale des éleveurs ovins, ont exprimé leur colère et leur désarroi face à une réglementation qu'ils jugent inadaptée aux réalités des zones de plaine.


Un loup « déviant » et des attaques répétées


Depuis deux ans, un loup s'est installé dans l'Argonne, provoquant des attaques régulières sur les troupeaux. Surnommé le « loup déviant » en raison de son comportement atypique, cet individu tue plusieurs bêtes par semaine, parfois sans les consommer. À ces attaques s'ajoutent des passages ponctuels d'autres loups, venus de départements voisins, qui aggravent encore la pression sur les éleveurs. « On a un loup fixe qui prélève énormément, et d'autres qui traversent le département sans être neutralisés », souligne Bruno Miser.


Bruno Miser, Vice-Président de la FEMA, Fédération des Éleveurs de Moutons des Ardennes


Pour les éleveurs, la situation est intenable. « Les moyens de protection n'ont pas été conçus pour les zones de plaine. Le plan national loup est fait pour la montagne, pas pour nos territoires », a martelé Bruno Miser. Il dénonce une réglementation qui pousse les éleveurs à confiner leurs troupeaux en bergerie, une solution jugée irréaliste et économiquement insoutenable. « La seule solution aujourd'hui, c'est de prélever ce loup. Il n'y a pas d'autre issue », a-t-il insisté, évoquant l'ajournement des installations futures dans le département.


Des mesures en cours, mais des solutions encore floues


Face à l'urgence, les autorités locales et les représentants agricoles ont tenté de trouver des points de convergence. Une évolution réglementaire est attendue d'ici la fin de l'année, avec une simplification des procédures de tir (tir de défense, tir renforcé, tir de prélèvement). Une formation est prévue les 13 et 14 janvier pour les lieutenants de louveterie et les chasseurs volontaires, organisée par la Brigade Mobile d'Intervention de l'Office Français de la Biodiversité. La Fédération départementale des chasseurs a également investi dans du matériel (miradors, lunettes optiques, fusils adaptés) pour optimiser l'efficacité des tirs, sous réserve des autorisations préfectorales.


Christian Chassaing, Préfet des Ardennes, au micro de Radio 8


Cependant, les annonces peinent à rassurer. L'étude de vulnérabilité des troupeaux, menée en collaboration avec la Chambre d'agriculture, a reçu une validation partielle, suscitant incompréhension et mécontentement. 


Un mal-être profond chez les éleveurs


Au-delà des pertes économiques, c'est l'avenir même de la filière ovine qui est en jeu. « Certains éleveurs sont en état de détresse, avec un mal-être palpable », a reconnu le préfet. La réunion a permis un échange, mais les solutions concrètes restent difficiles à identifier. Une nouvelle rencontre est prévue en mars 2026, le temps que les évolutions réglementaires soient finalisées.


D'ici là, la question des tirs reste au cœur des débats. Une équation délicate, dans un département où la prédation, bien que moins intense qu'ailleurs, menace l'équilibre des exploitations.


Deux interviews sont disponibles pour cet article

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