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Assises des Ardennes : « Je ne voulais pas aller jusque-là », le procès du meurtre sauvage d’Émilie, 23 ans, poignardée sous les yeux de ses enfants

06/10/2025 - 21:33 - Rédigé par Candide Blomme

Assises des Ardennes : « Je ne voulais pas aller jusque-là », le procès du meurtre sauvage d’Émilie, 23 ans, poignardée sous les yeux de ses enfants

Le procès de Keyshawn Harlequin, 28 ans, s’est ouvert ce lundi devant la cour d’assises des Ardennes pour le meurtre de sa compagne, Émilie, 23 ans, dans la nuit du 31 décembre 2022. L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour ce crime commis avec une « violence extrême », selon les termes du directeur d’enquête. Les débats, qui doivent durer jusqu’à jeudi, s’annoncent déjà comme un plongeon dans l’horreur d’une relation toxique et d’une nuit tragique.


Une scène de crime d'une violence inouïe


Les premiers échanges ont confirmé l’ampleur de la brutalité des faits. À 6h42 ce matin-là, les policiers découvrent Émilie « gisant dans une mare de sang », le corps transpercé par 30 coups de couteau, dont un à l’épaule ayant perforé son poumon. Les secours, arrivés en urgence, tentent désespérément de la réanimer sur place avant son transfert à l’hôpital, où elle succombe à 8h30 à une hémorragie massive. « La quantité de sang était telle que même les pompiers en ont été marqués », a témoigné le directeur d’enquête, évoquant des « éclaboussures partout » dans la chambre, transformée en « scène de carnage ».


Deux couteaux ont été retrouvés : un couteau de boucher gris, identifié comme l’arme principale, et un second couteau jaune, dont l’accusé conteste l’usage. Les expertises génétiques ont révélé l’ADN d’Émilie sur les deux lames, ainsi que sur les mains et les bagues de Harlequin. « Les couteaux avaient les lames pliées, signe d’une force extrême », précisait le directeur d'enquête. L’accusé, interpellé moins de deux heures après les faits, avait appelé lui-même la police : « Je ne voulais pas aller jusque-là. Je ne sais pas ce qui m’a pris ».


Un contexte de violences répétées et d'emprise


Les auditions ont mis en lumière une relation marquée par la jalousie, la manipulation et des antécédents de violences. En octobre 2022, Émilie avait porté plainte contre Harlequin pour des coups reçus en voiture, avant de la retirer un mois plus tard, expliquant leur réconciliation. « Elle était attirée par les mauvais garçons, elle disait que les autres étaient ennuyeux », a confié sa sœur, Alexandra, décrivant un compagnon « impulsif, menteur et possessif ». Une ancienne petite amie de Harlequin, entendue comme témoin, évoquait elle aussi des « crises de rage » lorsqu’il était quitté, tandis qu’une amie d’Émilie racontait l’avoir trouvée « évanouie » après une dispute.


Le 31 décembre, la mère d’Émilie s’était rendue à l’appartement après un message alarmant de son petit-fils de 9 ans : « Keyshawn mamie, vite ». À son arrivée, elle était bousculée par Harlequin, qui verrouillait la porte avant que des cris ne retentissent à l'intérieur de l'appartement : « Non, Keyshawn ! Il y a les enfants ! ». Son fils Alexandre, arrivé peu après, découvrait sa sœur Émilie « inanimée » et prodiguait un massage cardiaque.


Des enfants témoins de l'indicible


Parmi les éléments les plus glaçants : la présence de quatre enfants au domicile, dont les deux enfants d’Émilie, âgés de 3 et 5 ans, et deux de ses neveux, au moment du drame. Le plus jeune a assisté à la scène et c'est sa présence sur le seuil de la pièce qui a permis de stopper l'acharnement meurtrier de l'accusé. Mais c'est son neveu de 9 ans qui a alerté sa grand-mère par SMS : « Vite, il va la tuer ! »


L’expertise psychiatrique de l’accusé, réalisée en 2023, n’a révélé « aucun trouble mental » mais une « impulsivité structurelle » et un « risque élevé de récidive ». Harlequin, déjà condamné en Guyane pour complicité de meurtre en 2018 et violences avec arme en 2021, a maintenu une version partielle des faits, niant l’usage du second couteau et minimisant le nombre de coups portés.


Des éléments contextuels dont il faut tenir compte, selon son avocate, Maître Julie Ségaud


Ce que la cour devra trancher


- Préméditation ou perte de contrôle ? Harlequin affirme avoir agi sous le coup de la colère après une dispute, mais l’accusation souligne qu’il avait recherché des taxis sur son téléphone à 6h14, comme s’il préparait une fuite.

- L’usage des deux couteaux : L’accusé persiste à nier avoir utilisé le couteau jaune, pourtant couvert du sang d’Émilie.

- L’impact sur les enfants : Les témoignages des frères et soeur de la victime et des experts psychologues devraient éclairer les séquelles traumatiques subies par les enfants.


Pour l'avocate de la défense, Maître Julie Ségaud, l'enjeu de ce procès sera le quantum de la peine, comme elle l'explique, au micro de Radio 8


Le procès se poursuit demain avec les auditions des experts médico-légaux et des experts psychologique et psychiatrique avant de donner la parole, mercredi, aux parties civiles. Ce mercredi également, la parole sera donnée à Keyshawn Harlequin. Il encourt, on le rappelle, la réclusion criminelle à perpétuité.


Deux interviews sont disponibles pour cet article

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