Sury, premier village des Ardennes a recevoir le label « Village ambassadeur du don d'organes »

En tant que Cadre de la Coordination Hospitalière des Prélèvements d'organes et de tissus du CHINA, Jennifer Billard a monté le projet de faire de la commune de Sury le premier village Ardennais ambassadeur du don d'organes. Le village recevra donc ce label national, qui sera inauguré le 14 septembre prochain, au cours d'une journée dédiée au don d'organes, avec, notamment, la tenue d'une conférence sur le sujet. Journée dédiée qui sera reconduite chaque année, certainement à l'occasion de la Journée Nationale du Don d'Organes, chaque 22 juin.

Jennifer Billard, Cadre de la Coordination Hospitalière des Prélèvements d'organes et de tissus du Centre Hospitalier Intercommunal Nord-Ardenne, revient sur les objectifs de ce projet

Aujourd'hui, en France, la non-inscription sur le registre des refus implique automatiquement que la personne est donneuse d'organes. Or, dans la réalité, ce n'est pas si simple. Nombre de personnes ne sont pas au courant des souhaits de leur défunt, ce qui entraîne l'impossibilité de don de tout ou partie des organes et des tissus de la personne décédée. Ce projet vise donc à libérer cette parole dans les familles. Très peu de personnes sont aujourd'hui inscrites sur le registre national de refus, et le taux d'opposition des familles en France, pour les organes, est de 36%, alors qu'il est beaucoup plus haut pour les tissus.

Dans les Ardennes, le CHINA pratique des prélèvements d'organes et de tissus sur les morts cérébraux, et des prélèvements de tissus uniquement sur tous les décès « à cœur arrêté ». Rappelons que pour qu'un organe soit transplantable, il doit être viable et il ne l'est que lorsque le cœur bat encore. Autre rappel, le don d'organe sauve des vies, le don de tissus améliore la vie (ex : le don de peau pour les grands brûlés).

En 2023, le CHINA a réalisé 230 prélèvements/dons de cornée, plaçant le CHINA en tête de la Coordination Française en termes de prélèvements de tissus. En revanche, sur 1512 personnes décédées de mort cérébrale, seulement 5634 greffes ont été effectuées, ce qui est peu, car 1 donneur = 15 receveurs, si organes et tissus sont prélevés. Aujourd'hui, 21 800 personnes sont en attente de greffe et « si on en rajoute 1000 par an, ce n'est pas en réalisant 5000 greffes que nous allons y arriver ».

Bruno Suan, Infirmier Coordinateur de Dons d'organes

Pour les décès à domicile, le manque de médecins traitants ne permet pas toujours la déclaration d'un décès de manière assez rapide pour envisager un transport à l'hôpital et un prélèvement tissulaire suffisamment tôt pour que les tissus soient de bonne qualité, puisque les tissus sont transplantables durant 24 heures, s'ils sont refroidis dans les 4 heures. Les dons concernant les décès à domicile ne sont donc pour l'heure pas réalisables.

Une réalité qui pourrait évoluer positivement puisque l'ARS Grand Est a mis en place il y a quelques semaines une expérimentation permettant aux infirmiers de procéder aux déclarations du décès, à domicile.